Pour me rendre au Costa Rica depuis Paris, j'ai réalisé une escale à Los Angeles et mon premier vol m'a permit de découvrir des paysages grandioses.
La latitude, le climat, l'altitude, l'histoire de la région et bien d'autres facteurs déterminent le paysage. La place de la forêt, de la ville, de l'agriculture et des déserts varie beaucoup d'une région à l'autre et nous offre souvent des spectacles magnifiques.
Prendre l'avion permet d'apprécier la diversité des paysages et leurs évolutions ( bon on peut aussi passer 12h à contempler des cumulus si l'on est moins chanceux), mais bien que ce soit un moyen de transport très polluant, il a l'avantage de nous offrir un point de vue très différents de celui de notre quotidien. J'envie les amateurs de parapente, planeurs et autres OVNP qui peuvent profiter de ce spectacle sans culpabiliser..
Changer d'échelle pour apprécier la géographie, changer de point de vue pour mieux comprendre...
Du haut de nos 1m70 en moyenne, notre vision du monde au quotidien est très riche et détaillée mais elle a l’inconvénient de ne pas apprécier les chose à l'échelle plus large du territoire.
Bien que nous disposons de cartes, de satellites et autres outils nous offrant un aperçu ( souvent orienté) de nos territoires, le voir de mes propres yeux m'a fait prendre conscience des différences de paysages, de leurs évolutions et de leurs beauté, vu d'en haut...
Paysage agricole remembré de Picardie.
Ce paysage est essentiellement agricole. Il s'agit de grandes cultures de céréales du Nord du Bassin Parisien (blé, orge, maïs etc...). Les sols y sont fertiles et les premiers habitants l'ont vite comprit. Le bassin parisien a un passé agricole lointain et produit aujourd'hui de grandes quantité de céréales notamment - on peut remercier ces agriculteurs de nous nourrir !
Les parcelles sont de grandes tailles ( plusieurs dizaines d'ha) et sont découpés de manière hétérogène.
Ce paysage laisse très peu de place aux bosquets qui se concentrent principalement autour des quelques villages. On notera qu'il n'y a quasiment plus de haie : cela fait suite à une politique de remembrement des parcelles agricoles et de la suppressions des haies et bosquets. Malheureusement ces "structures agroécologiques" que sont les haies, murets, bois etc... sont des microhabitats pour la faune et flore locale et assurent le maintien de la biodiversité locale. Sans haies ni bois, ce paysage agricole se transforme alors en désert biologique: c'est dans ces zones que l'on observe le moins de biodiversité en France.
Je ne suis pas descendu de l'avion pour aller demander, mais on y cultive généralement une seule variété de céréale, et les rotations sont peu diverses et peu nombreuses. Ces cultures sont probablement vulnérables aux ravageurs et maladies et vont l'être d'autant plus qu'il y a peu d'habitats naturels, par manque de régulation écologique. De plus, la monoculture oblige souvent l'agriculteur à assurer sa culture malgré les aléas sans quoi il n'a rien d'autre pour vivre. L'utilisation massive de pesticides et d'engrais devient alors une nécessité pour remplacer les services proposés gratuitement par le milieu et le sol. L'agriculteur dépend des intrants et produits chimiques et se retrouve parfois avec de lourdes dettes qu'il doit compenser en étant encore plus productif. C'est un cycle vicieux. Enfin, les engrais et pesticides défavorisent la vie du sol, la faune et flore restante.
Ce modèle agricole est le plus répandu en France et dans les pays aux hautes latitudes et s'intègre dans le modèle économique de notre société. De loin la faute n'est pas à l'agriculteur mais bien au chemin que notre société a pris au cours du XXème siècle.
Après ce tragique constat, de nombreux agriculteurs, scientifiques, agronomes etc.. ont décidé de choisir une agriculture plus responsable et qui tire les bénéfices de son milieu sans le dégrader. De nombreux territoires voient leur agriculture se transformer lentement vers une production plus équilibrée et plus respectueuse des hommes, de la nature et du territoire. Néanmoins dans des zones d'agriculture intensive, les habitats et les sols sont souvent tellement dégradés qu'il sera très long avant que le sol soit vivant et que l'écosystème naturel reprenne sa place.
Paysage agricole bocager d'Angleterre.
Je survole ici la région au sud-est de Londres ( on aperçois sur la droite la cote donnant sur la Manche). La photo est prise 3000m plus haut en altitude que la précédente, ce qui explique la taille plus petite des parcelles, mais si l'on regarde bien, davantage de bosquets et de haies sont présentes sur ce paysage. Sans aller jusqu'au bocage de Corrèze ou de Dordogne, cette région agricole présente un paysage bocager avec des haies et bosquets séparant les parcelles de grandes culture où l'on produit également des céréales. La région agricole reste pour autant une zone intensive et la biodiversité y est assez faible. En haut de la photo on aperçois le delta de la Tamise.
Le Groenland
Oui pour faire Paris-Los Angeles, le chemin le plus rapide c'est par là ! On oublie souvent avec nos "planisphères" que la Terre est ronde. La réelle représentation des distances et des superficies est celle que l'on voit sur les Globes. Les cartes et autres "Map" sur le web nous donnent une représentation biaisée des surfaces ( non le Groenland n'est pas aussi gros que l'Afrique...), et sur le Globe, pour passer de l'Europe à la West Coast de l'Amérique, on passe par les hautes latitudes.
On voit bien que la glace et la neige prédominent largement à cette latitude à tel point que la présence de l'Homme se retrouve uniquement sur le cotes où la pêche est la principale activité nourricière.
Lacs gelés au Nord du Canada:
A cette latitude, les contraintes physiques sont telles que l'Homme y est encore peu présent. Ces grands espaces sont souvent sous la neige et présentent une nature encore très préservée. Malheureusement j'ai surtout vu des nuages au dessus de cette région..
Région Agricole Intensive du Sud Canada:
L'Amérique du Nord présente une histoire agricole très singulière que l'on peut comprendre en analysant le paysage depuis le ciel. Lors de l'installation des anglais et français en Amérique, des étendues immenses étaient disponibles et ont été partagées au sein de colonisateurs et chacun bénéficiait alors de très grandes surfaces . De générations en générations, ces exploitations surhumaines et délimitées de la plus simple manière se sont transmises et présentent toujours la même configuration. Chaque carré de plusieurs centaines d'hectares sont divisés en carrés de même taille, comme un gigantesque damier.
On note bien la différence de taille de ces exploitations avec celles d'Angleterre ou de France.
Ici, ne parlons pas de bocage, de biodiversité... Ce sont de réels déserts biologiques.
Ce qui est très singulier en Amérique du Nord, c'est la représentation du la ruralité par les habitants. Ici, les densité humaines sont extrêmement faibles et les agriculteurs sont très isolés.
Par ailleurs, la charge de travail par exploitant est très importante et la relation avec la nature est complètement rompu. L'agriculteur possède des tracteurs avec télévision, et le nécessaire pour passer sa journée à travailler son sol, moissonner etc.. Il doit partir le matin au dos de sa machine et rentre le soir. On comprend bien que l'agriculteur voit son champ davantage comme une usine qu'un milieu de vie, et il n'a pas bien le choix d'ailleurs s'il veut être dans les temps...
Paysage agricole dans l’État de l'Utah Etats-Unis:
Le combat est le même ici, on a seulement changé la forme des exploitations, mais elles sont tout aussi grandes et ce paysage s'étend sur des centaines de kilomètres. Ces exploitations en forme circulaire ( Crop circles) ont vu le jour dans les années 1940, beaucoup plus tardivement que le système de champ carré. Le système d'irrigation leur doit cette forme. En effet, les système dits "à pivot centrale" permettent aux agriculteurs d'irriguer l'ensemble de leur champ avec un seul système tournant dont les bras mesurent en moyenne 500m, et ainsi économiser du temps de travail et de l'eau.
Désert de Californie aux Etats-Unis.
Cet immense désert s'étend sur des centaines de kilomètres et présente de beaux reliefs et une biodiversité très singulière. On y trouve de nombreux espaces protégés souvent très convoités par les Américains.
Ici il n'y a rien sur des distances énormes et d'un seul coup...
Las Vegas :
Cette ville immense au milieu de nulle part ( on se demande comment l'eau arrive jusque là pour subvenir à tous ces gens...).
Puis quelques centaines de kilomètres plus loin :
Los Angeles:
Cette ville immense qui s'étend sur 90 000 km² ( 30 fois l'aire urbaine de Paris) et héberge 18 millions de personnes, est aussi grande que le Portugal...
Les maisons sont ordonnées en pavillons résidentiels tous identiques... On s'y perd très facilement à entendre les touristes qui y ont mit les pieds.
Vous pouvez voir les vidéos concernant cet article dans l'onglet "vidéo".
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